Nous voici en hiver, et c'est peut-être le moment de parler des végétaux persistants qui atténuent le côté dépouillé de nos jardins. Donc aujourd'hui, un billet à propos du lierre que son caractère perenne rend bien intéressant alors que de nombreux végétaux ont perdu leur feuillage. Et puis... ça nous changera de la neige !
Aux Pins Noirs, le lierre commun pousse à l'état spontané dans la pinède.
Remarquez-vous, en haut à droite sur cette photo, les petites feuilles rondes, mêlées à celles du lierre ? Il s'agit du "lierre terrestre", nom vernaculaire de Glechoma hederacea. Il fait partie des lamiaceae comme la menthe et malgré son nom, il n'a rien à voir avec le lierre, qui fait partie des araliaceae.
Le lierre ou Hedera helix. Hedera : du verbe latin haerere : être attaché, et helix : spirale. Les feuilles des rameaux stériles ont 5 lobes triangulaires, celles des rameaux fertiles sont entières, ovales, et acuminées, c'est-à-dire se terminant en pointe.
Hedera helix est rustique et accepte tous les sols. Il apprécie la mi-ombre mais les variétés panachées jaune supportent d'avantage la lumière qui intensifie leurs panachures.
Attention : Le fruit du lierre, la"drupe", contient une substance appelée "hédérine" qui est dangereuse en cas d'ingestion, notamment par les enfants.
Abandonnons les idées reçues : Hedera helix n'est PAS une plante parasite. Ses crampons n'ont aucun rôle dans la nutrition de la plante. Ils ne servent qu'à la fixation au support. On peut donc laisser grimper le lierre dans un arbre, en veillant toutefois à ce qu'il ne recouvre pas totalement les branches.
Le cycle de développement de Hedera helix est totalement décalé par rapport aux autres végétaux et c'est là qu'il devient un allié précieux au jardin :
- le lierre fleurit en automne, et il est le seul à offrir en cette saison, nectar et pollen dont profiteront les insectes butineurs avant l'hiver.
- les oiseaux se réfugient dans les feuilles en hiver, et lérots ou chauve-souris y trouvent eux aussi le gîte et le couvert.
- le lierre est le premier à fructifier au début du printemps et ses drupes permettent aux premiers migrateurs de se nourrir avant d'installer leurs nids au milieu des feuilles.
Petites feuilles ou grandes feuilles, panachures variées... il existe de nombreux cultivars de Hedera helix.
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Hedera helix "Glacier" |
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Hedera helix "Yellow Ripple" |
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Hedera helix "Gold Heart" |
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Hedera colchica "dentata variegata" |
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Hedera helix "erecta" |
Hedera helix "erecta" est un lierre original à port arbustif. Il se plaît à mi-ombre ou à l'ombre, en tous sols. Sa taille est de un mètre en tous sens et il trouvera sa place dans un massif d'arbustes ou une grande rocaille. Ce jeune sujet a été planté récemment.
Les emplois du lierre sont multiples et je l'utilise souvent : en grimpant, en couvre-sol, dans les jardinières...

Sur le haut de la propriété, je ne disposais que d'une bande de 15 cm de terre ingrate, au bord du revêtement de notre parking. Des tronçons de lierre commun (récupérés dans la pinède !) ont vite formé une clôture végétale qui ne demande pas d'autre entretien qu'un petit coup de cisaille au printemps.

En hiver, je ne peux pas utiliser de bisanuelles dans mes jardinières : les écureuils et les oiseaux s'installent sur les rebords des fenêtres et viennent joyeusement piétiner les jardinières gelées. J'ai adopté une formule simplissime et très économique, en associant un lierre panaché et un Carex que j'accompagne d' une poignée de petits narcisses !
Et last but not least, utilisé en intérieur, le lierre est une plante dépolluante !
Si, si c'est sérieux ! Cette découverte a été faite à la suite d'études menées dès 1980 par le Dr Bill Wolverton de la Nasa. Ces études portaient sur le recyclage de l'air dans les navettes spatiales et ont permis de découvrir que le lierre a la capacité de dépolluer l'air de façon significative.
Le lierre filtre le formaldéhyde, le toluène, le trichloréthylène et le monoxyde de carbone dégagé par le chauffage !